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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/270

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ÉLOGE DE M. DE JUSSIEU.


raux et les madrépores ont appartenu successivement aux trois règnes de la nature ; d’abord, ils furent regardés comme des pierres, erreur très-pardonnable, parce qu’ils en ont la dureté, et qu’ils sont composés d’une substance semblable à celle des pierres calcaires ; alors on ignorait encore que la masse entière de cette espèce de pierres n’est autre chose qu’un immense débris du règne animal ; on expliquait donc par différents systèmes, les causes qui pouvaient déterminer la forme singulière de quelques-unes de ces productions, et les faire ressembler à des plantes. Le comte Marsili les rangea ensuite dans le règne végétal, et ses observations parurent convaincantes. Enfin, en 1724, M. Peyssonel annonça que ces mêmes corps marins étaient l’ouvrage d’un grand nombre de petits insectes, qui se bâtissaient des loges avec une substance pierreuse qu’ils tiraient d’eux-mêmes.

Cette idée de M. Peyssonel était alors presque dénuée de preuves : on ne la regarda que comme une hypothèse hardie ; elle fut presque oubliée des naturalistes, mais elle ne l’était point de M. de Jussieu ; il avait observé souvent les polypes d’eau douce ; il avait vu la manière dont ils développent ou retirent leurs bras, et une partie des merveilles que présentent ces insectes, longtemps inconnus ou négligés par les naturalistes : l’idée que les prétendues fleurs du corail n’étaient que des polypes, lui paraissait avoir assez de vraisemblance pour le déterminer à faire des recherches ; il les fit pendant son voyage. Ses expériences, ses observations, furent sans ré-