lire ou d’observer longtemps, cherchait à lui proposer
des doutes, et à trouver des questions difficiles
et piquantes, capables d’intéresser son oncle
et de l’occuper. Ainsi, la méthode de M. de Jussieu,
les principes sur lesquels elle est fondée, les observations qui lui ont fait découvrir ses principes, sa
méthode d’étudier la nature, sa philosophie, tout ce
qu’un excès de défiance l’empêchait de donner au public,
a été déposé dans la tête d’un savant, jeune,
actif, capable de suivre la route tracée par son oncle,
et d’achever l’édifice dont il avait posé les fondements.
M. de Jussieu a concilié par ce moyen le devoir
d’être utile au public, et la crainte de ne pas remplir
ce devoir dans toute son étendue. La juste reconnaissance
de M. de Jussieu le neveu pour son oncle, nous répond que nous ne serons point privés du fruit de tant de travaux. Il lui est permis de les croire dignes du public ; et les talents dont il a déjà donné les preuves, nous assurent que cet hommage de sa reconnaissance ne sera pas indigne du maître auquel il doit être consacré. Sans lui, nous
n’aurions pu même offrir à l’Académie et au public
la faible esquisse des idées de cet homme célèbre
que nous avons essayé de tracer dans cet éloge.
M. de Jussieu, qui connaissait toute la nature, n’avait pas négligé d’étudier les hommes. Le fruit de cette étude avait été l'amour de la retraite, et une mélancolie douce et tranquille. Il haïssait le vice ; mais sa haine se bornait à le fuir. Un petit nombre d’amis formait sa société ; il les avait cherchés parmi les hommes instruits, occupés des mêmes