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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/299

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ÉLOGE DE M. DE BOURDELIN.


zèle pour sa compagnie, une estime vraie pour les talents de ses confrères, l’amour des sciences et de l’humanité.

Il fut nommé, en 1743, professeur de chimie au Jardin du Roi : lorsque son âge ne lui permit plus de remplir les fonctions de cette place, il en fit obtenir la survivance et en confia l’exercice à un de ses confrères qu’il estimait assez pour croire sincèrement que le public ne perdrait rien à sa retraite : M. Macquer l’a remplacé en 1770.

M. de Bourdelin fut nommé, en 1761, premier médecin de Mesdames ; mais il obtint d’elles la liberté d’exercer la médecine à Paris. En continuant à s’instruire par la pratique, il ne pouvait que se rendre plus digne de leur confiance, si malheureusement elles avaient besoin de ses soins. Elles n’eurent pas de peine à lui accorder sa demande : elles savaient combien est cruelle, pour ceux qui souffrent ou qui craignent la mort, la perte au médecin dont ils attendent la conservation de leur vie ou la fin de leurs douleurs ; combien est amer le sentiment de ceux qui, accablés de leurs maux, implorent en vain la seule main qu’ils croient capable de les soulager ; et Mesdames cédèrent moins en cette occasion à leur propre intérêt, qu’à ce sentiment d’humanité.

La cour ne corrompit pas M. de Bourdelin. Il y arriva très-tard, et y vécut peu : mais il y resta assez pour être témoin des intrigues des courtisans ; et elles excitèrent en lui les seuls mouvements d’indignation que cette âme si pure et si douce ait jamais connus.