ques lui avaient attirée. Il traitait avec rigueur son élève, dont la constitution faible et l’ardeur pour l’étude n’eussent demandé que de la liberté et des ménagements. Cette éducation sévère et pédantesque eût pu étouffer, dans M. de Haller, le germe du génie ; la dureté du précepteur eût dégoûté un autre
enfant de l’étude : elle n’inspira au jeune de Haller
que le désir de s’en venger par une satire en vers
latins, qu’il fit à l’âge de dix ans contre ce
précepteur ; et il ne put jamais le revoir dans la suite,
sans éprouver un sentiment de terreur involontaire.
Nous avons déjà rapporté un trait semblable dans
l’éloge de M. de la Condamine. Ces faits prouvent
que les enfants sont susceptibles, plus tôt qu’on ne
le croit, de passions fortes et durables ; aussi le caractère est souvent déjà formé, et par conséquent
l’objet le plus important de l’éducation est rempli ou
manqué, avant qu’on ait à peine songé à la commencer.
M. de Haller n’avait que treize ans lorsqu’il perdit sou père, qui le destinait à l’état ecclésiastique, et dont le bien était presque uniquement borné aux appointements de ses places. Mais en perdant sa fortune et son père, M. de Haller acquit la liberté de choisir les objets de ses études, et la connaissance de la nécessité où il était de devoir tout à lui-même. C’est peut-être en grande partie à ces malheurs de sa jeunesse, que M. de Haller doit ses talents et sa gloire.
L’année suivante il alla passer quelque temps à Bienne chez le père d’un de ses condisciples, mé-