mais il ne l’en excluait pas. Le gouvernement de
Berne, en concentrant ses fonctions dans un certain
nombre de familles, n’en a pas exclu les professions
utiles à la société, et qui exigent des lumières.
Peut-être même la carrière des sciences était-elle, pour un homme né avec des talents supérieurs, le vrai
moyen de suppléer par la considération que donne
la gloire, à ce qu’il lui aurait fallu employer d’intrigues s’il eût suivi la route ordinaire des honneurs.
Il alla étudier à Tubengen, sous Camerarius et Duvernoi ; à Leyde, sous Boërhaave et Albinus. Il vit à Amsterdam le célèbre Ruisch, alors âgé de quatre-vingt-dix ans ; à Londres il se lia avec Sloane, Cheselden et Douglas ; enfin, il suivit à Paris les leçons de Winslow et de Jussieu.
C’était à l’âge de seize ans qu’il avait commencé ses voyages : la liberté entière dont il jouissait à cet âge eût pu devenir dangereuse ; mais une circonstance singulière le sauva. Entraîné à Tubengen par ses condisciples dans une partie de débauche, les excès dont il fut témoin lui inspirèrent un dégoût salutaire : dès ce moment il renonça au vin pour toujours, afin d’être bien sûr d’éviter les excès ; et, pour se garantir plus infailliblement de la corruption, il crut devoir porter jusqu’au rigorisme la sévérité de ses mœurs.
Il resta peu de temps à Paris. Un cadavre qu’il disséquait incommodait un de ses voisins qui le dénonça. M. de Haller connaissait la sévérité de nos lois contre ceux qui enlèvent des cadavres ; et par une erreur pardonnable à roi étranger, il crut que