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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/326

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ÉLOGE DE M. DE HALLER.

Il fallait donc, pour composer ces quatre bibliothèques, non-seulement qu’il eut extrait des livres qu’il avait lus tout ce qu’ils contenaient d’utile, mais encore qu’il sût renfermer en peu de mots la substance d’un ouvrage, le caractériser à la fois et l’apprécier en quelques lignes. Ce talent suppose une grande justesse et une grande netteté d’esprit, l’art de trouver le mot propre, et de choisir les tours qui n’obligent pas à employer des mots inutiles.

Nous avons rassemblé ici cette courte esquisse de ses travaux, quoique plusieurs n’aient été finis et publiés que depuis son départ de Gottingue ; parce que c’est à Gottingue qu’il en rassembla les matériaux et qu’il en forma le plan, et que les dix-sept années qu’il y passa furent les seules de sa vie qui aient appartenu aux sciences sans distraction.

M. de Haller savait que, si c’est le génie seul qui fait dans les sciences les grandes découvertes, ce sont les sociétés savantes, les établissements d’instruction publique, qui éclaircissent ces découvertes, qui les répandent et les perfectionnent. Il n’employa son crédit auprès du roi d’Angleterre que pour obtenir de lui des établissements utiles à la ville de Gottingue ; telles furent l’institution d’une école de chirurgie, celle d’une Académie des sciences, d’un hôpital pour les femmes grosses, où l’on enseignait l’art des accouchements ; d’un cabinet de pièces anatomiques préparées, moyen particulier à cette science de fixer les phénomènes que l’œil de l’anatomiste a une fois aperçus, et de mettre sous les yeux d’mie manière durable, non la simple exposition des dé-