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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/380

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ÉLOGE DE M. DE JUSSIEU.


de quinquina, pour l’envoyer à ses frères. Cet extrait s’est trouvé plus efficace que celui qu’on prépare en France ; et si, comme le croyait M. de Jussieu, l’extrait peut dans tous les cas erre substitué à l’écorce elle-même, peut-être il serait utile que l’usage d’envoyer le quinquina sous cette forme s’établît dans le commerce ; le transport serait moins embarrassant, la vertu du quinquina s’altérerait moins, et la fraude ne serait vraisemblablement ni plus facile, ni plus dangereuse, ni plus embarrassante à reconnaître.

Cependant les astronomes avaient rempli l’objet de leur voyage, et ils se préparaient à retourner en Europe. Sept ans de travaux pénibles eussent pu suffire au zèle de M. de Jussieu ; il eût revu une famille chérie, il eût joui de la gloire de ses recherches ; mais il n’avait vu encore que des contrées habitées par des Européens, défigurées par la culture, ou du moins parcourues avant lui par quelques voyageurs ; et il laissait derrière lui des pays immenses, où une foule d’objets nouveaux devaient frapper les yeux du premier observateur qui oserait y pénétrer, où la nature seule avait réglé la disposition des végétaux, et donné à la terre les plantes qu’elle devait produire : il savait que les découvertes y seraient plus faciles et moins glorieuses, que le voyage serait plus pénible ; mais il sentait aussi qu’à chaque pas il pouvait espérer ou le plaisir de voir une chose nouvelle, ou la satisfaction de faire une observation utile. M. de Jussieu ne put se résoudre a quitter le Pérou sans avoir parcouru ces contrées