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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/404

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ÉLOGE DE M. LE COMTE D’ARCI.


tantanée : c’est l’objet que s’est proposé M. d’Arci. Il trouva que, pendant une nuit obscure, la sensation que produisait un charbon allumé durait environ huit tierces. Si on fait tourner un cercle où il n’y ait qu’une ouverture, et que derrière on place un flambeau, ce flambeau demeure toujours visible lorsque le cercle ne met que neuf tierces à faire sa révolution ; plus l’objet a d’éclat et d’étendue, en un mot, plus son impression sur l’organe est forte, plus la sensation a de durée, et moins il est nécessaire que le mouvement soit rapide.

C’est l’objet qui frappe le plus vivement nos yeux que l’on voit et qui dérobe la vue des autres. En effet, que l’on fasse passer soit un corps plus visible devant celui qui l’est moins, soit un corps moins visible devant celui qui l’est plus, c’est toujours le moins visible qui disparaît. L’objet qui produit une sensation continue, quoiqu’il n’ait frappé les sens qu’un instant, fait une impression plus faible que s’il agissait pendant tout ce temps sur l’organe ; ou plutôt on a une sensation mixte qui, lorsque la différence de l’éclat est très-grande, ne paraît qu’un affaiblissement de la plus grande lumière, mais qui, si l’inégalité est moindre, est un véritable mélange des deux sensations.

Ainsi, un corps peut passer devant nos yeux sans être vu, et sans marquer sa présence autrement que par l’affaiblissement de l’éclat des objets qu’il couvre.

Ainsi, lorsqu’on fait tourner des cartons peints de jaune et de bleu, on n’aperçoit qu’un cercle continu de couleur verte. Ainsi, les sept couleurs du