tions, où elle coûte plus qu’elle ne donne, et où tous les hommes qui ne sont dominés ni par l’ambition, ni par la passion de l’étude, sentent le besoin d’une société intime et domestique. En épousant sa nièce, M. d’Arci espérait assurer leur bonheur mutuel ; le mariage avait resserré des liens déjà chers à tous
deux ; l’habitude de se voir et de s’aimer avait fait
disparaître la distance qu’aurait pu mettre entre eux
l’inégalité des âges ; l’autorité d’un mari perdant ce
qu’elle a d’imposant entre les mains d’un étranger,
et douce comme l’autorité d’un père, ne devait plus
paraître un joug, mais un appui ; enfin, dès les premiers
moments de leur union, ils pouvaient se flatter
d’éprouver le bonheur de cette confiance intime, de
cette amitié pure et inaltérable qui, dans les unions
ordinaires, ne peut être que le fruit d’une tendresse
constante, et qui en est la plus douce récompense.
Cette union, qui aurait dû être si heureuse dura peu ;
M. d’Arci mourut, d’un choiera- morbus, le 18 octobre
1779, n’ayant vécu avec sa femme qu’assez de
temps pour qu’elle apprît à sentir toute l’étendue
de la perte qu’elle a faite.
M. d’Arci avait des amis dans le monde, parmi les militaires, dans l’Académie ; s’il avait eu un caractère liant et facile, on en conclurait seulement qu’il était aimable, et non qu’il fût digne d’être aimé ; mais, avec un caractère ferme, indépendant et facile à s’irriter, il ne put avoir des amis que parce qu’il sentait le prix de l’amitié, qu’il en connaissait les devoirs, et qu’il savait la mériter.
Les Irlandais qui venaient chercher un asile en