pèce, ceux qui semblent les plus simples et les plus avantageux, comme si elle eût voulu par-là donner à l’homme une leçon de modestie. Nous n’avons
parlé ici que d’une partie des mémoires que M. Bertin
a envoyés à l’Académie. Quoiqu’il eût été fait
associé vétéran dès 1748, et qu’il pût se plaindre
qu’on eût jugé trop tôt sa maladie incurable, il ne
s’est jamais cru dispensé de faire hommage de ses
travaux à la compagnie qui l’avait adopté d’une manière
si honorable, et il a sacrifié sans peine tout
autre sentiment à celui du respect et de la reconnaissance.
On voit, dans tous ses ouvrages, cet
amour de la vérité, la plus noble passion qui puisse
animer un vrai savant, le seul sentiment par lequel
il soit réellement élevé au-dessus du commun des
hommes qui ne peuvent l’éprouver au même degré,
et dont un grand nombre est même condamné à
ne pas le concevoir. Il défendait les découvertes
d’autrui contre ceux qu’il soupçonnait de vouloir
les usurper ou les nier, avec le même zèle qu’il eût
défendu ses propres intérêts. Il cherchait avec soin
dans les ouvrages de ceux qui l’avaient précédé, jusqu’aux plus petites traces des découvertes que lui-même avait développées ; il craignait jusqu’au scrupule
de leur faire la moindre injustice ; et par-là il
a mérité qu’on lui pardonnât la chaleur peut-être
trop grande avec laquelle il a quelquefois défendu
ses droits lorsqu’il les croyait fondés. Isolé, n’ayant
d’autre appui que lui-même, frappé d’un événement
qui avait suspendu longtemps ses travaux et différé
la publication de ses recherches, craignant que le
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ÉLOGE M. BERTIN.