franc et ouvert ; mais ces qualités étaient quelquefois
ternies par une défiance inquiète, qui n’avait pour
principe que cette fatale disposition à tout craindre,
première cause de tous ses malheurs. Avec des talents
qui attirent la considération, avec cet amour de l’étude
qui empêche de sentir le poids du temps, et
en remplit l’espace de plaisirs que l’habitude n’émousse
jamais, il ne fut point heureux. Les qualités
de son âme, la franchise et l’égalité naturelle de son
caractère, ses vertus même ne contribuèrent ni à
son bonheur, ni à celui de ceux qui l’entouraient,
et il ne put mériter que d’être plaint et estimé.
M. Bertin fut attaqué d’une fluxion de poitrine le 21 février 1781 ; le quatrième jour de sa maladie, il se fit saigner, et lorsqu’il eut examiné son sang, il prononça qu’il était sans ressource ; dès lors il ne songea plus qu’à se préparer à la mort. Il avait toujours eu une vraie piété ; et même dans sa jeunesse, dans le temps où sa passion pour l’étude était dans toute son activité, dans l’Age où l’on a le plus le sentiment de ses forces, où l’on est le plus sur d’obtenir de la gloire, où l’on est si tenté de la confondre avec le bonheur, il fut près de renoncer à tout pour embrasser la vocation religieuse ; mais, heureusement pour les sciences, il sentit que si le ciel a marqué dans le cloître la place de ceux auxquels il n’a donné que de la piété, il soumet à d’autres devoirs ceux qui ont reçu à la fois de la piété et des talents. Le reste de sa vie ne se démentit point, et sa mort fut semblable à sa vie ; il répondit avec la plus grande résignation aux prières des agonisants ; mais,