fussent restés longtemps de simples projets ; souvent
il les construisait lui-même, employant avec
plaisir non-seulement sa fortune, mais son temps à
exécuter les idées d’un autre, lorsqu’il croyait ou
que ces idées seraient utiles, ou même seulement
qu’il était nécessaire de les exécuter pour les bien
juger. Il présenta à l’Académie un de ces instruments
inventés par M. Jeaurat : il l’avait fait lui-même,
et y avait gravé cette inscription : JEAURAT invenit, COURTANVAUX fecit. Il n’avait vu, dans cette
inscription, qu’une marque d’amitié pour un de ses
confrères, et une sorte de plaisanterie ; mais cette
plaisanterie renfermait deux leçons utiles : l’une
pour ceux qui pourraient encore regarder comme
ignoble toute espèce de travail qui n’est pas frivole,
ou du moins inutile ; l’autre, plus importante encore,
adressée à ces protecteurs prétendus des sciences,
qui écartent d’eux les vrais savants, en exigeant que,
pour prix des dépenses qu’ils consentent à faire
pour les sciences, ces savants leur cèdent une partie
de la gloire attachée à leurs découvertes.
C’est ainsi que M. de Courtanvaux passait sa vie au milieu des amusements utiles qu’il s’était procurés, entouré des savants dont il s’était fait de véritables amis. Étranger à toute autre espèce de société, il mêlait quelquefois les plaisirs dont il avait conservé le goût, à ces occupations savantes qu’il leur préférait, même en ne les regardant que comme un autre genre de plaisirs. Aussi dégagé de toute vanité qu’il est possible de l’être à la faiblesse humaine, il oubliait ce qu’on appelle le monde, et consentait à en