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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/49

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ÉLOGE DE MARIOTTE.


dangereuses qu’elles sont séduisantes ; mais aussi, quand l’extrême circonspection, se bornant à augmenter la liste des faits isolés, n’ose les rapprocher pour en saisir les rapports et en former des théories, ne ralentit-elle pas la marche des connaissances ? Heureusement la nécessité de plaire au public, tour à tour fatigué de systèmes ou ennuyé de compilations, oblige les savants à une alternative d’audace et de timidité, nécessaire au progrès de l’esprit humain.

Le recueil des ouvrages de Mariotte contient une foule d’autres expériences sur le froid et sur le chaud, sur la vision, sur la lumière, etc. Partout on y trouve des faits nouveaux ou des vérités déjà connues ; mais qui avaient besoin d’être éclaircies ou prouvées, et sur lesquelles il ne laisse plus rien à désirer ; ou des expériences qui détruisent les erreurs accréditées. Dans l’état où le respect superstitieux pour l’antiquité et l’esprit de système avaient mis la philosophie, il n’y avait rien de plus important ni de plus difficile que de la débarrasser de ces préjugés.

Mariotte est peut-être le physicien de son temps chez qui l’on trouve le moins d’opinions données pour des vérités, ou même érigées en principes.

Avouons cependant que lorsqu’il essaya de répéter les expériences de Newton sur la lumière, il les manqua, et qu’il établit, d’après les résultats des siennes, un système tout différent de la théorie de Newton. Dans cette seule occasion, la sagesse de son esprit et sa dextérité dans les expériences semblent