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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/501

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ÉLOGE DE M. DE MAUREPAS.

Si M. de Maurepas ne prévit point ces conséquences, s’il ne songea, en détruisant le privilège de la compagnie des Indes, qu’à rendre à la culture et au commerce leur liberté naturelle, il savait du moins que les heureux effets de la liberté s’étendent toujours bien au delà de ce que la prudence a pu prévoir. M. de Maurepas alla visiter les ports de la marine royale, et quelques-uns de ceux du commerce, mais sans qu’il en coûtât rien ni au trésor royal, ni aux provinces, ni à la marine. Il voyageait sans suite, avec un seul de ses amis. Ce fut dans ce voyage que M. de Roquefeuille lui ayant présenté son fils, en le priant de l’admettre parmi les gardes marines : Je me charge de lui, dit le ministre, et je compte le faire un jour vice-amiral. Il eut la satisfaction, peu de jours avant sa mort, d’accomplir à la lettre cette prophétie. Pendant ce même voyage, il fit la connaissance d’un officier, qui ne l’intéressa alors que par sa figure et par sa grande jeunesse ; en 1780, il le reconnut avec autant de surprise que de plaisir dans M. le comte de Guichen, qui venait lui rendre compte du commandement d’une grande flotte, et de trois batailles glorieuses qu’il avait livrées. Le département de Paris ou des provinces, celui de la cour, que M, de Maurepas joignait au ministère de la marine, fournissent plutôt des traits pour le caractère d’un homme d’État, que des événements pour sa vie.

Toujours accessible, cherchant par la pente naturelle de son caractère à plaire à ceux qui se présentaient à lui ; saisissant avec une facilité extrême