mémoire : on apprit alors combien il avait été bienfaisant ; une foule de pauvres entourèrent son cercueil.
Il avait regardé son état comme un ministère
d’humanité ; toutes les espèces de souffrances lui
paraissaient avoir des droits à ses secours ; il donnait
avec zèle, à ceux qui éprouvaient le double
malheur de la maladie et de la misère, des soins dont
sa célébrité eût pu le rendre avare, et il versait dans
leur sein ce que la reconnaissance du riche lui prodiguait souvent malgré lui. Économe dans sa maison
et prodigue en bienfaisance seulement, il n’a
laissé qu’une fortune médiocre, tandis que sa pratique
et son crédit eussent pu lui en procurer une
immense. Mais il s’était fait une grande famille de
tous les infortunés qui avaient eu besoin de lui, et
il ne les abandonnait plus quand une fois il leur
avait été utile.
On aime à rapprocher un homme célèbre de ceux dont il a été le contemporain et le compatriote. M. Tronchin était l’ami de ceux de ses concitoyens qui, dans ce siècle, ont fait honneur à leur patrie, de M. Bonnet, de M. Tremblai, de M. Rousseau, qui avait si bien secondé, par son éloquence, les sages conseils que le médecin avait donnés aux enfants et aux mères, et que M. Tronchin eut la douleur d’avoir pour ennemi, après avoir eu le bonheur de le servir, M. de Voltaire était allé le consulter à Genève ; et ce fut par son avis que ce grand homme choisit ce beau pays pour asile. C’était un service que M. Tronchin rendait à sa patrie ; si toutefois les troubles qui l’ont agitée de nos jours, comme il