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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/58

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ÉLOGE DE DUCLOS.


clos, que peut-être il a peu contribué par lui-même aux progrès de la chimie ; mais il y a servi singulièrement, en faisant sentir au public l’utilité de cette science, et en excitant ainsi les hommes en place à la protéger, et les particuliers à la cultiver. L’utilité réelle ou supposée, éloignée ou prochaine, est la mesure des encouragements que le gouvernement donne aux sciences ; et si on en excepte un petit nombre d’hommes qu’un penchant irrésistible semble entraîner vers certains objets, cette utilité est encore le prétexte ou le motif des travaux de tous les savants. Parmi les jeunes gens que leur goût destine aux travaux de l’esprit, c’est souvent l’idée qu’ils ont de leur utilité qui en décide le choix. Le désir de faire du bien à ses semblables est, surtout dans la jeunesse, une passion plus générale qu’on ne le croit ; et, parmi les hommes assez corrompus pour la traiter de folie, il n’y en a point peut-être qui n’aient à se reprocher de l’avoir sentie pendant quelques moments.

Boyle avait envoyé à l’Académie, en 1684, un mémoire sur la manière de dessaler l’eau de la mer. Il employait une machine par laquelle il distillait une grande quantité d’eau à peu de frais. Pour que cette eau fût plus douce, il mettait dans l’eau de mer une matière dont il faisait un secret. Duclos conjectura que c’était un alcali, et ne se trompa point. C’est lui qui observa le premier, du moins en France, un des phénomènes les plus extraordinaires que présente la chimie, l’augmentation de poids des matières métalliques, calcinées au feu des verres ardents. Ces métaux furent pendant l’opération ; et après qu’ils