ces, sans risques : agriculture ne peut donc se perfectionner que lorsque des propriétaires riches, devenus cultivateurs, s’occuperont des progrès de
l’art par curiosité, par intérêt, par ce sentiment naturel qui attache l’homme à l’objet de ses travaux,
et qu’ils consacreront une partie de leur superflu
et de leur loisir à tenter des expériences, à essayer
des méthodes. Il faut ensuite que l’exemple de ces
propriétaires, la vue de leur succès, les encouragements
qu’ils peuvent donner, répandent de proche
en proche ces nouveautés utiles, auxquelles l’ignorance
et les préjugés du peuple mettent moins d’obstacles
que la crainte d’une dépense inutile ; car cette
crainte n’est point balancée par l’espérance d’un
très-grand profit, quand la dépense est prise sur le
nécessaire.
D’autres préjugés s’opposent encore aux progrès de l’agriculture ; on ne fait d’avances que dans l’espoir d’en être dédommagé : si l’on emploie des soins dispendieux ou pénibles pour conserver une denrée plus longtemps, c’est seulement parce que l’augmentation du prix de la denrée doit récompenser de ces soins.
La bienfaisance, le patriotisme peuvent faire des sacrifices, mais leur activité est bornée ; ces sentiments n’ont une force durable que sur un petit nombre d’âmes ; et quand il s’agit d’une méthode qui n’est utile que lorsqu’elle est générale, c’est de l’intérêt seul qu’il faut en attendre le succès. Cependant, le propriétaire des grains, exposé plusieurs fois pour chaque récolte à tout perdre par l’intemp-