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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/73

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ÉLOGE DE PERRAULT.


qui aurait dû y être. Perrault joignit à sa traduction des remarques, qui forment un ouvrage aussi utile pour le moins que celui de Vitruve ; il fit jusqu’aux dessins des planches dont ce livre est orné, et ces dessins sont regardés comme des chefs-d’œuvre en ce genre.

Perrault avait trois frères : un, docteur en théologie, qui fut exclu de la Sorbonne en même temps que le fameux Arnauld ; le second, receveur général des finances de Paris, auteur d’un traité sur l’origine des Fontaines, et delà traduction de la Secchia rapita ; le troisième, enfin, premier commis de la surintendance des bâtiments, connu dans son temps par ses poésies, et qui ne l’est plus maintenant que par la hardiesse qu’il eut de critiquer les anciens, de montrer à quel point d’imperfection ils avaient laissé les arts, et de prétendre qu’il n’est pas absolument absurde de consulter quelquefois la raison dans les jugements, même sur les choses de goût. Cette opinion était celle de tous les Perrault, et c’est en quoi consistait cette bizarrerie de famille que Despréaux leur reproche. Les trois philosophes n’opposèrent jamais qu’une sage modération aux emportements du poète.

Ce sont eux principalement qui ont inspiré à Colbert de protéger les sciences d’une manière si flatteuse pour les savants, et si honorable pour lui-même. Le cardinal de Richelieu n’avait vu, dans les gens de lettres, que des hommes utiles à sa gloire : Colbert, dirigé par Perrault, les traita comme des hommes utiles à humanité, dont la gloire honore leur pays et leur siècle.