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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/76

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ÉLOGE D’HUYGHENS.


Ainsi on se plaît à disputer au génie vivant la place qu’il mérite : et qu’importe que la postérité lui fasse justice ? l’envie se croit soulagée, si elle a pu troubler ses jours.

Après avoir vengé Descartes, Huyghens se montra digne de le remplacer ; car dès 1667, sept ans après la mort de ce philosophe, il trouva une méthode différente de celle de Wallis, pour rappeler les rectifications des courbes aux quadratures, et par ce moyen il parvint à rectifier la cycloïde. Jusque-là on n’avait rectifié que deux courbes, la parabole cubique et la cycloïde : deux Anglais, Neil et Wren, en avaient eu la gloire.

Huyghens partagea encore avec deux Anglais, Wallis et ce même Wren, celle de découvrir les lois du choc des corps. L’espèce de métaphysique que cultivaient les anciens ne s’appliquait pas à des recherches de ce genre, et ils ne faisaient point d’expériences ; aussi ne paraissaient-ils pas même avoir soupçonné que ces lois existassent. Descartes les chercha ; mais il employa un principe abstrait et trop généralisé, qui l’égara. Enfin, la Société royale de Londres proposa cette recherche en 1669 ; et les trois géomètres dont je viens de parler lui envoyèrent à peu près en même temps les véritables lois de ce choc. Mais comme Huyghens les avait trouvées dès 1661, il en est réellement le premier inventeur.

Il n’a pas suivi, dans ses recherches, cette métaphysique qui avait égaré son maître. Il part de ce fait incontestable, que si deux corps élastiques se choquent avec des vitesses opposées et égales, ils