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ÉLOGE CHARAS.


Volter et Fullen, le soin de les mettre en ordre.

Voilà tout ce que nous savons de sa vie privée. On dit qu’étant à Paris il avait connu la célèbre Ninon, et fait pour elle d’assez mauvais vers. Sa conduite avec Hartsôcker, dont M. de Fontenelle a parlé dans l’Éloge de ce dernier, prouve qu’il avait une âme franche et élevée. Il eut encore quelques disputes littéraires, qui ont été oubliées avec le nom de ses adversaires. Le sien vivra tant que les mathématiques et les arts seront cultivés ; s’il n’a pas laissé une réputation aussi brillante que celle de Newton, c’est qu’avec un génie peut-être égal, il n’a fait que préparer la révolution que Newton a eu la gloire de faire dans le calcul et dans la philosophie.

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ÉLOGE DE CHARAS.

MOÏSE CHARAS naquit à Usez vers 1618, d’une famille protestante. Il s’établit d’abord à Orange. Ses talents pour la pharmacie lui firent une grande réputation, dans un temps où cette science, dénuée du secours de la chimie, n’était qu’un chaos de recettes informes et surchargées de drogues inutiles, de procédés contradictoires, et de pratiques superstitieuses. L’art même encore était tellement imparfait, que Charas obtint la place de démonstrateur en chimie au Jardin du roi, parce qu’il avait réussi à composer trois cents livres de thériaque en présence des magistrats et des plus célèbres artistes de Paris. L'ap-