soit borné à donner une exposition du système de
Rameau, qu’il parvint à rendre intelligible ; mais il
ne croyait pas que la théorie mathématique du corps
sonore pût encore rendre raison des règles de la
musique. Il a aimé pendant toute sa vie cet art qui
se lie, d’un côté, aux recherches les plus subtiles et
les plus savantes de la mécanique rationnelle, tandis
que sa puissance sur nos sens et sur notre âme
offre aux philosophes des phénomènes non moins
singuliers, et plus inexplicables encore.
On doit compter au nombre des services que M. D’Alembert a rendus aux mathématiques, et surtout à la philosophie, le soin qu’il a pris d’éclaircir une dispute célèbre sur la mesure des forces, dispute qui, pendant une partie de ce siècle, a partagé les géomètres ; et d’apprécier ces principes tirés de la métaphysique des causes finales, qu’on voulait substituer aux principes directs de la mécanique, et employer à la découverte des lois de la nature. Ces questions avaient égaré quelques bons esprits, et consumé en pure perte le temps toujours si précieux de plusieurs hommes de génie ; M. D’Alembert les discuta, et on n’en parla plus ; les questions les plus profondes de la métaphysique ont eu souvent le même sort que ces tours d’adresse ou de combinaison, qui étonnent, qui excitent la curiosité tant qu’on en ignore le secret, mais qu’on méprise aussitôt qu’il a été deviné.
Nous n’avons pu donner ici qu’une esquisse très-abrégée des travaux immenses de M. D’Alembert sur les mathématiques ; travaux que, ni les distractions,