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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/154

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ÉLOGE DE M. BERGMAN.


Vidi et obstupui, je l’ai vu, et j’en ai été frappé d’étonnement, l’envoya, décoré de cette honorable apostille, à l’Académie de Stockholm.

Peu de temps après, Linné donna le nom de M. Bergman à une nouvelle espèce d’insectes. Cette manière d’attacher le nom d’un homme à une espèce qui doit être éternelle, semble annoncer qu’on croit, ou ses talents ou le sentiment qu’on éprouve pour lui dignes d’être consacrés à l’immortalité. C’est une sorte d’apothéose qui ne coûte rien à la raison ; mais le succès de cet honneur dépend beaucoup du hasard. Ces dénominations disparaissent souvent delà langue des sciences, d’autres fois elles s’y conservent, mais elles cessent de rappeler un nom oublié dont on a voulu vainement prolonger la mémoire ; et les savants ne doivent compter sur l’immortalité que lorsqu’ils l’ont méritée par leurs ouvrages.

Des mémoires couronnés par l’Académie de Stockholm, sur l’histoire des insectes qui attaquent les arbres à fruit, et sur les moyens de se mettre à l’abri de leurs ravages ; une méthode de les classer d’après la forme qu’ils ont dans l’état de larve, époque où il serait le plus utile pour l’agriculture de pouvoir reconnaître et détruire ceux qui sont nuisibles ; un grand nombre d’observations sur cette classe d’animaux si variés dans leurs formes et dans leur organisation, si importants pour l’homme qui a su en soumettre quelques-uns à ses besoins, tandis que les autres, défendus par leur petitesse, et puissants par leur multitude, osent lui disputer encore quelques parties de son empire, enfin si inté-