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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/216

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ÉLOGE DE M. DE PRASLIN.


bles pour reprendre la supériorité ; chaque jour voyait diminuer ses ressources et tomber son crédit bien au-dessous de ses ressources réelles. Toutes les classes de citoyens demandaient la paix ; les militaires eux-mêmes ne craignaient plus d’unir hautement leur voix à celle du peuple. A quoi devaient donc alors se borner nos espérances ? A celle d’une paix par laquelle la France conserverait cette partie de l’honneur d’une nation que les malheurs de la guerre ne peuvent lui ôter, et ne se verrait pas déchue, dans l’opinion de l’Europe, du rang que sa puissance réelle lui a donné. Or, la paix de 1763 a rempli ces espérances, les seules que les malheurs delà guerre nous eussent laissées. La France se montra, dans le traité, plus fidèle à ses alliés, que des nations puissantes, qu’elle-même ne l’avait été quelquefois après des victoires. On n’y sacrifia rien de ce que l’opinion commune pouvait regarder comme un moyen de réparer nos pertes ; on exigea la restitution des établissements, des colonies, qui paraissaient d’une utilité plus réelle, surtout des îles qui nous avaient été enlevées dans les Antilles, et la France obtint l’île, alors neutre, de Sainte-Lucie, dont ses ministres connaissaient l’importance pour la sûreté de cette partie de son empire. Elle conserva, soit en Asie, soit sur le banc de Terre-Neuve, tout ce qui pouvait être nécessaire pour l’établissement d’un commerce florissant, sans annoncer la prétention, alors chimérique, d’y élever une puissance rivale de la puissance anglaise : on abandonnait seulement celle de nos possessions dont la