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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/233

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ÉLOGE DE M. GUETTARD.


capitale appelle aujourd’hui tous les talents, pour en perfectionner un petit nombre, en corrompant ou en étouffant tout le reste.

Le jeune Guettard, attaché à son grand-père dès ses premières années, l’accompagna dans ses promenades aussitôt qu’il put marcher, et ses promenades étaient de véritables herborisations. Ramasser des plantes, en demander les noms, apprendre à les connaître, à en distinguer les différentes parties, à en saisir les caractères, tels furent les jeux de son enfance.

Son aïeul crut voir dans cette activité le germe d’un talent réel pour l’observation des plantes : on décida dans la famille qu’il ne fallait rien négliger pour l’encourager. Ainsi, en même temps que la nature avait formé M. Guettard pour les sciences, le hasard avait tout disposé pour que l’on s’aperçut à temps de ces heureuses dispositions et du goût naissant qui indiquait le genre pour lequel il était né.

Cette observation se présente sans cesse dans l’histoire des savants, et rien ne prouve mieux peut-être l’utilité d’une éducation publique, qui, s’étendant à toutes les classes de la société, offrît à tous les enfants, moins une instruction suivie, que ces premiers éléments de chaque science, utiles à tous les hommes, donnât en même temps le moyen de distinguer dans chaque individu les premières lueurs du talent, la première aurore du génie, fît passer sous les yeux de tous les divers objets de nos connaissances, et fournît à ces goûts distincts, à ces