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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/235

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ÉLOGE DE M. GUETTARD.


cette douce espérance au bonheur ou plutôt à la gloire de son petit-fils, et la consolation de recevoir ses soins au plaisir de jouir de ses succès.

M. de Réaumur avait entrepris sur les sciences et sur les arts des travaux immenses auxquels il ne pouvait suffire seul ; il cherchait à s’attacher de jeunes gens dont les talents naissants avaient encore besoin d’appui : ils l’aidaient dans ses travaux, achevaient de s’instruire sous ses yeux, trouvaient dans ses livres, dans ses cabinets, dans son laboratoire, ces secours qui, au milieu de tant d’institutions faites en faveur des sciences, manquent encore si souvent à la jeunesse laborieuse, mais pauvre et obscure. Enfin rendus à eux-mêmes au bout de quelques années, ils ne paraissaient dans le monde qu’avec un nom déjà connu, et préservés, par des liaisons utiles, des dangers dont l’entrée de la carrière des sciences est souvent semée. La plupart de ces élèves sont entrés ensuite dans l’Académie, et tous ont conservé pour M. de Réaumur une reconnaissance tendre et durable, qui prouve à la fois, et qu’il les avait bien choisis, et qu’il avait su oublier avec eux jusqu’à l’espèce de supériorité que pouvaient lui donner son âge, ses longs travaux et une réputation confirmée. M. Brisson nous reste seul de ces élèves de M. de Réaumur. On aime dans les compagnies savantes à se rappeler ces filiations qui nous rendent plus chers les talents dont nous jouissons, en les unissant au souvenir de ceux que nous avons perdus.

En 1743, M. Guettard entra dans l’Académie comme botaniste, et il nous reste à rendre compte