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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/261

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ÉLOGE DE M. L’ABBÉ DE GUA.


imparfait aux hommes supérieurs dans chacune des parties qu’il embrasse.

Bientôt après, M. l’abbé de Gua s’occupa d’un projet non moins utile au progrès des sciences ; projet exécuté depuis sur un plan moins étendu en France et en Italie ; c’est celui d’un recueil destiné à publier périodiquement tous les ouvrages que les savants auraient voulu y insérer, et que le rédacteur en aurait jugés dignes. Répandre plus promptement et sur un plus grand espace toutes les découvertes, tous les essais, toutes les vues, toutes les observations ; procurer à tous les savants l’avantage réservé aux membres des académies, de pouvoir insérer leurs ouvrages dans un recueil connu de toutes les nations ; offrir aux jeunes gens un moyen facile et prompt de se faire connaître, et souvent d’apprendre à se connaître eux-mêmes ; établir dans l’empire des sciences plus d’indépendance et d’égalité, en diminuant le besoin qu’ont ceux qui entrent dans la carrière, d’y paraître sous les auspices d’un nom déjà célèbre : tels étaient les avantages du projet de M. l’abbé de Gua. Mais il avait placé la philosophie abstraite et l’économie politique au rang des sciences admises dans son recueil ; il croyait que toutes les connaissances humaines qui s’acquièrent par le raisonnement, le calcul et l’observation, perdent à être trop séparées, que c’est même de leur réunion qu’on doit attendre leurs progrès les plus étendus et les plus utiles. C’était le principe que Leibnitz avait suivi, lorsqu’il traça, pour le premier roi de Prusse, le plan de l’Académie de Berlin ; mais ce principe