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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/370

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ÉLOGE DE M. DE BUFFON.


prit était toujours également prêt à remplir la tâche qu’il lui imposait. C’était à la campagne qu’il aimait le plus à travailler ; il avait placé son cabinet à l’extrémité d’un vaste jardin sur la cime d’une montagne ; c’est là qu’il passait les matinées entières, tantôt écrivant dans ce réduit solitaire, tantôt méditant dans les allées de ce jardin, dont l’entrée était alors rigoureusement interdite ; seul, et dans les moments de distraction nécessaire au milieu d’un travail longtemps continué, n’ayant autour de lui que la nature, dont le spectacle, en délassant ses organes, le ramenait doucement à ses idées que la fatigue avait interrompues. Ces longs séjours à Montbart étaient peu compatibles avec ses fonctions de trésorier de l’Académie, mais il s’était choisi pour adjoint M. Tillet, dont il connaissait trop le zèle actif et sage, l’attachement scrupuleux à tous ses devoirs, pour avoir à craindre que ses confrères pussent jamais se plaindre d’une absence si utilement employée.

On doit mettre au nombre des services qu’il a rendus aux sciences, les progrès que toutes les parties du Jardin du Roi ont faits sous son administration. Ces grands dépôts ne dispensent point d’étudier la nature. La connaissance de la disposition des objets et de la place qu’ils occupent à la surface ou dans le sein de la terre, n’est pas moins importante que celle des objets eux-mêmes. C’est par là seulement qu’on peut connaître leurs rapports, et s’élever à la recherche de leur origine et des lois de leur formation ; mais c’est dans les cabinets qu’on ap-