Aller au contenu

Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/496

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
484
ÉLOGE DE L'HÔPITAL.


justice au milieu des clameurs de l’ambition qui appelle la guerre, de l’avidité qui demande qu’on lui livre le sang du peuple, des factions qui combattent pour le despotisme ou pour l’anarchie.

Défenseur du peuple, qui souvent même sans connaître son nom jouit de sa sagesse et de son courage, utile au monarque, dont il défend l’honneur et la conscience en combattant souvent ses volontés, un chancelier demeure en butte à tous les méchants : aussi, tandis que toutes les autres places du ministère ont été révocables à la première volonté du souverain, une loi ancienne a voulu que celle du chancelier ne pût lui être ôtée que par un jugement régulier ; que celui qui est chargé du maintien des lois fût protégé par elles, et que l’homme de la nation ne fût pas livré sans défense aux ennemis de la nation.

Législateur enfin, le chancelier sentira que s’il doit maintenir l’exécution des lois tant qu’elles subsistent, il doit également n’en pas laisser subsister de mauvaises ; que plus il importe que les lois soient respectées, plus il est essentiel qu’il n’y en ait que de bonnes ; qu’enfin, si c’est toujours un mal de violer les lois, c’est souvent un très-grand bien de les réformer.

Proscrire toutes ces lois contraires à la raison et à la nat ure, qu’aucune puissance ne peut légitimer, et qu’on ne peut volontairement tolérer sans se rendre coupable ; abolir toutes ces lois cruelles, qui servent moins à donner de l’horreur pour le crime, qu’à inspirer pour les criminels une pitié dangereuse, et