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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/501

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ÉLOGE DE L’HÔPITAL.


neveux ; catholique zélé, sujet fidèle et par là d’autant plus à craindre, lorsqu’il s’élevait contre le parti des intolérants ou contre le ministère.

Cependant l’Hôpital regarde autour de lui ; il cherche un homme vertueux, qui partage son amour pour la patrie, et il n’en trouve point. Coligny seul eût été digne de le seconder, si Coligny n’eût été dans un parti contraire. Zélé pour la liberté religieuse et politique, indigné de voir des favoris avides et hypocrites opprimer le peuple au nom du roi, et égorger leurs ennemis au nom de Dieu, Coligny se croyait permis d’employer les armes des protestants pour établir en France une constitution plus libre ; il combattit son roi, sans cesser d’aimer et de vouloir servir sa patrie. L’Hôpital, fidèle au roi, lors même que le roi ordonnait des choses injustes, attaché à la religion de ses pères, mais ennemi de la persécution, défenseur de l’autorité royale, mais haïssant le despotisme, ne voyait d’autres moyens, pour sauver l’État, que d’éclairer le prince ; il combattait les factieux, mais il croyait que la raison et les lois sont les seules armes des bons citoyens.

Le chancelier se pliait à tout ce qui pouvait reculer les horreurs de la guerre civile ; l’amiral la regardait comme un remède terrible, mais devenu nécessaire.

L’Hôpital, magistrat intrépide, vit les tumultes de la guerre civile s’élever autour de lui sans que la sérénité de son âme en fût altérée ; Coligny montra contre les intrigues et les menaces de la cour ce courage tranquille qui ne l’avait jamais abandonné dans les combats.