mêmes courtisans, que les Guises avaient vus ramper
à leurs pieds et flatter leur tyrannie, sont devenus
leurs accusateurs et leurs juges. Entraînés par le
courage de Coligny, par l’éloquence vertueuse de
l’archevêque de Vienne, Marillac, que la douleur
des malheurs publics devait bientôt conduire au
tombeau ; par l’habileté de Montluc, qui, défenseur
fidèle du calvinisme qu’il professait au milieu de la
cour, avait su conserver la confiance et l’estime de
ses rois ; tous osent demander d’une voix unanime
les états généraux et un concile national : on renvoie
aux états les requêtes par lesquelles les protestants
demandent la liberté de conscience, et que
l’intrépide Coligny n’a pas craint de porter publiquement
aux pieds du trône. Les Guises feignent de
désirer eux-mêmes ce qu’ils craignaient le plus, se
flattant en secret qu’ils sauront faire servir à leur grandeur les moyens qui semblaient devoir amener
leur ruine.
Il leur fut aisé de séduire Catherine, à qui le parti de la fourberie paraissait toujours le plus glorieux et le plus sûr.
On avait fait tomber le choix des provinces sur des députés ou corrompus, ou faciles à corrompre ; une profession de foi était déjà dressée, et quiconque eût refusé de la signer devait être traîné au supplice.
Toutes ces mesures étaient inutiles, si le roi de Navarre et le prince de Condé, devenus plus chers aux Français par la persécution, tout-puissants dans la Guyenne et dans les provinces voisines, eussent