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ÉLOGE DE M. EULER.


M. Lexell, qu’une mort prématurée vient d’enlever aux sciences ; enfin, M. Fuss, le plus jeune de ses disciples, le compagnon de ses derniers travaux, qui, envoyé de Baie à M. Euler, par M. Daniel Bernoulli, s’est montré digne, par ses ouvrages, du choix de Bernoulli et des leçons d’Euler ; et qui, après avoir rendu dans l’Académie de Pétersbourg un hommage public à son illustre maître, vient de s’unir à sa petite-fille.

De seize professeurs attachés à l’Académie de Pétersbourg, huit avaient été formés par lui ; et tons, connus par leurs ouvrages, et décorés de titres académiques, se glorifiaient de pouvoir y ajouter celui de disciples d’Euler.

Il avait conservé toute sa facilité, et en apparence toutes ses forces ; aucun changement n’annonçait que les sciences fussent menacées de le perdre. Le 7 septembre 1783, après s’être amusé à calculer sur une ardoise les lois du mouvement ascensionnel des machines aérostatiques, dont la découverte récente occupait alors toute l’Europe, il dîna avec M. Lexell et sa famille, parla de la planète d’Herschell, et des calculs qui en déterminent l’orbite ; peu de temps après, il fit venir son petit-fils, avec lequel il badinait en prenant quelques tasses de thé, lorsque tout à coup la pipe qu’il tenait à la main lui échappa, et il cessa de calculer et de vivre.

Telle fut la fin d’un des hommes les plus grands, les plus extraordinaires que la nature ait jamais produits ; dont le génie fut également capable des