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ÉLOGE DE PASCAL.

portionnelles à leurs bases ; il faut donc, pour l’appliquer à l’équilibre des fluides en général, les considérer comme divisés en canaux de figure quelconque, à l’extrémité desquels on suppose que la force des pistons soit appliquée : cette même considération de canaux de figure quelconque, et supposés en équilibre, a conduit de savants analystes à déterminer en général les lois de l’équilibre des fluides, que D’Alembert a démontrées ensuite d’une manière encore plus directe et moins hypothétique. La seconde démonstration de Pascal est fondée sur l’égalité de pression, et il déduit cette égalité de l’incompressibilité des fluides. Dans ce siècle, une géométrie nouvelle devait apprendre aux analystes le moyen de déduire de ce principe les lois générales du mouvement des fluides. Ces recherches sur les fluides furent les derniers efforts de ce génie, à qui la nature n’avait refusé que des organes proportionnés à sa force ; ramené sans cesse à lui-même par la douleur, l’étude de l’homme fut la seule à laquelle son esprit, absorbé par la mélancolie, pût alors se livrer. Cette mélancolie avait encore été augmentée par un accident singulier. Pascal était allé se promener à quatre chevaux, et sans postillon, comme c’était alors l’usage. En passant sur le pont de Neuilly, qui n’avait pas de garde-fou, les deux premiers chevaux se précipitèrent. Déjà ils entraînaient la voiture dans la Seine ; mais heureusement les traits se rompirent, et Pascal fut sauvé. Son imagination, qui conservait fortement les impressions qu’elle avait une fois reçues, fut troublée le reste de