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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/668

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REMARQUES


PASCAL. « En écrivant ma pensée, elle m’échappe quelquefois ; mais cela me fait souvenir de ma faiblesse, que j’oublie à toute heure ; ce qui m’instruit autant que ma pensée oubliée ; car je ne tends qu’à connaître mon néant. » (P. 309.)


CONDORCET. Les idées de Platon, sur la nature de l’homme, sont bien plus philosophiques que celles de Pascal. Platon regardait l’homme comme un être qui naît avec la faculté de recevoir des sensations, d’avoir des idées, de sentir du plaisir et de la douleur ; les objets que le hasard lui présente, l’éducation, les lois, le gouvernement, la religion, agissent sur lui, et forment son intelligence, ses opinions, ses passions, ses vertus et ses vices. Il ne serait rien de ce que nous disons que la nature l’a fait, si tout cela avait été autrement. Soumettons-le à d’autres agents, et il deviendra ce que nous voudrons qu’il soit, ce qu’il faudrait qu’il fût pour son bonheur et pour celui de ses semblables. Qui osera fixer des termes à ce que l’homme pourrait faire de grand et de beau ? Mais ne négligeons rien. C’est l’homme tout entier qu’il faut former ; et il ne faut abandonner au hasard ni aucun instant de sa vie, ni l’effet d’aucun des objets qui peuvent agir sur lui.


PASCAL. « La première chose qui s’offre à l’homme, quand il se regarde, c’est son corps, c’est-à-dire, une certaine portion de matière qui lui est propre. Mais pour comprendre ce qu’elle est, il faut qu’il la compare avec tout ce qui est au-dessus de lui, et tout ce qui est au-dessous, afin de reconnaître ses justes bornes.