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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 4.djvu/318

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LETTRES DE M. DE VOLTAIRE.



LETTRES DE M. DE VOLTAIRE.


Ces lettres embrassent un espace de plus de soixante années : et M. de Voltaire, jeune et peu connu, dans la force de l’âge et au milieu des persécutions, vieux et au comble de la gloire, y paraît toujours le même. On le voit s’occuper de ses ouvrages avec une activité infatigable, en riant le premier de l’importance qu’il y attache ; plaisantant sur leurs défauts, mais sérieusement passionné pour les progrès et les intérêts de l’humanité ; prodiguant les railleries à ses critiques, ou se livrant contre eux à sa colère, mais haïssant les oppresseurs et les fanatiques bien plus que ses ennemis ; cherchant à ménager l’amour-propre des gens de lettres, faisant à la paix des sacrifices qu’on n’eût osé lui proposer ; saisissant avec avidité l’occasion d’encourager le talent, de soulager la misère, de défendre l’opprimé ; violent et bon, sensible et gai ; unissant enfin une philosophie profonde à quelques petitesses que les gens du monde lui reprochaient avec amertume, et qu’il avait prises en vivant avec eux.

Ces lettres où il paraît tout entier, où il montre à ses amis ses faiblesses, ses mouvements d’humeur, ses projets de vengeance, comme sa bienfaisance et sa sensibilité, ses terreurs comme son courage ; ces lettres sont la meilleure réponse qu’on puisse opposer à ses nombreux ennemis. Ce n’est pas une confession faite avec ostentation, écrite pour le public, où l’auteur se présente comme il veut être vu ; c’est