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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 4.djvu/483

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SUR VOLTAIRE.


dureté des lois fiscales ; malgré les mauvaises maximes qui dirigèrent le gouvernement dans la législation du commerce et des manufactures ; enfin, malgré les persécutions contre les protestants, on peut observer cp.ie les peuples de l’intérieur du royaume, et même jusqu’à la guerre de la succession, ceux des provinces frontières ont vécu en paix, à l’abri des lois ; le cultivateur, l’artisan, le manufacturier, le marchand étaient sûrs de recueillir le fruit de leur travail, sans craindre ni les brigands ni les petits oppresseurs. On put donc perfectionner la culture et les arts, se livrer à de grandes entreprises dans les manufactures et dans le commerce, y consacrer des capitaux considérables, faire des avances, même pour des temps éloignés. Cette paix, dans l’intérieur d’un État, est d’une plus grande importance que la plupart des politiques ne l’ont cru. De ce qu’un État tranquille a prospéré, il ne faut point en conclure qu’il ait eu, ni de bonnes lois, ni une bonne constitution, ni un bon gouvernement.


Sur l’établissement des milices[1].


Ces milices étaient tirées au sort ; ainsi on forçait des hommes à s’exposer, malgré eux, aux dangers de la guerre, sans leur permettre de racheter leur service personnel par de l’argent ; sans que les motifs de devoir, qui pouvaient les attacher à leur pays, fussent écoutés ; sans qu’aucune paye les dédommageât de la perte réelle à laquelle on les condam-

  1. Tome XXI, p. 205.