dureté des lois fiscales ; malgré les mauvaises maximes
qui dirigèrent le gouvernement dans la législation du
commerce et des manufactures ; enfin, malgré les
persécutions contre les protestants, on peut observer
cp.ie les peuples de l’intérieur du royaume, et
même jusqu’à la guerre de la succession, ceux des
provinces frontières ont vécu en paix, à l’abri des
lois ; le cultivateur, l’artisan, le manufacturier, le
marchand étaient sûrs de recueillir le fruit de leur
travail, sans craindre ni les brigands ni les petits
oppresseurs. On put donc perfectionner la culture
et les arts, se livrer à de grandes entreprises dans
les manufactures et dans le commerce, y consacrer
des capitaux considérables, faire des avances, même
pour des temps éloignés. Cette paix, dans l’intérieur
d’un État, est d’une plus grande importance que la
plupart des politiques ne l’ont cru. De ce qu’un
État tranquille a prospéré, il ne faut point en conclure qu’il ait eu, ni de bonnes lois, ni une bonne
constitution, ni un bon gouvernement.
Ces milices étaient tirées au sort ; ainsi on forçait des hommes à s’exposer, malgré eux, aux dangers de la guerre, sans leur permettre de racheter leur service personnel par de l’argent ; sans que les motifs de devoir, qui pouvaient les attacher à leur pays, fussent écoutés ; sans qu’aucune paye les dédommageât de la perte réelle à laquelle on les condam-
- ↑ Tome XXI, p. 205.