très-avantageux pour l’humanité en général, que
l’argent et l’or, surtout, fussent très-communs.
Ces superstitions ne nous paraissent pas aussi indifférentes qu’à M. de Voltaire. Comme le miracle réussit ou manque au gré du charlatan qui est chargé de le faire, et que le peuple entre en fureur lorsqu’il ne réussit pas, le clergé de Naples a le pouvoir d’exciter à son gré des séditions, parmi une populace nombreuse, dénuée de toute morale, que le sang n’effraye pas, et qui n’a rien à perdre. En sorte que la cérémonie de la liquéfaction met absolument le gouvernement de Naples dans la dépendance des prêtres. Toute réforme, toute loi qui déplaît aux piètres, devient impossible à établir. Il faudrait éclairer le peuple ; mais si un ministre était soupçonné d’en avoir l’idée, le miracle manquerait, et il se verrait exposé à toute la fureur du peuple.
Un seigneur napolitain avait imaginé de faire le miracle chez lui : ce moyen était un des plus sûrs pour le faire tomber ; mais le gouvernement eut peur des prêtres, et on lui défendit de continuer. Son se-
- ↑ Voltaire, tome XIX, p. 226