changerait en quelque sorte sa nature ; mais ce n’est
pas une raison pour être sur qu’il ne peut l’acquérir.
2° On pourrait connaître la cause de toutes nos
sensations, de tous nos sentiments, et cependant
n’avoir point le pouvoir, soit de détourner les impressions des objets extérieurs, soit d’empêchez les
effets qui peuvent résulter d’une distraction, d’un
mauvais calcul. 3° Il y a un grand nombre de degrés
entre notre ignorance actuelle et cette connaissance
parfaite de notre nature ; l’esprit humain pourrait
parcourir les différents degrés de cette échelle sans
jamais parvenir au dernier ; mais chaque degré ajouterait à nos connaissances réelles, et ces connaissances pourraient être utiles. Il en serait de la métaphysique comme des mathématiques, dont jamais
nous n’épuiserons aucune partie, même en y faisant,
dans chaque siècle, un grand nombre de découvertes utiles.
Cette opinion est-elle bien certaine ? L’expérience n’a-t-elle point prouvé que des vérités très-difficiles à entendre peuvent être utiles ? Les tables de la lune, celles des satellites de Jupiter, guident nos vaisseaux sur les mers, sauvent la vie des matelots, et elles sont formées d’après des théories qui ne sont connues que d’un petit nombre de savants. D’ailleurs, dans
- ↑ Tome, XXXII, p. 100.