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NOTES


justes sont défendues. Ce discours serait celui d’un homme raisonnable, mais celui qu’il aurait acheté ne serait pas son esclave.


Sur l’opinion de Voltaire, qu’il faut établir une bonne religion honnête, bien dépendante du souverain, et tolérer toutes les autres [1].


Les États-Unis de l’Amérique ont été plus loin : il n’y a chez eux aucune religion nationale ; mais quelques-uns de ces États ont fait une faute en excluant les prêtres des fonctions publiques ; c’est leur dire de se réunir et de former imperiurn in imperio. Dans un pays bien gouverné, un prêtre ne doit avoir ni plus de privilèges, ni moins de droits qu’un géomètre ou un métaphysicien. Les droits de citoyen n’ont rien de commun avec l’emploi qu’un homme fait de l’esprit que la nature lui a donné.


Sur l’opinion de Voltaire, qu’il serait convenable d’augmenter d’un tiers la taille et la capitation de quiconque ne serait pas marié a vingt-cinq ans [2].


Cette loi ne serait ni juste, ni utile : le célibat, dans aucun système raisonnable de morale, ne peut être regardé comme un délit ; et une surcharge d’impôt serait une véritable amende. D’ailleurs, si cette punition est assez forte pour l’emporter sur les raisons qui éloignent du mariage, elle en fera faire de mauvais, et la population qui résultera de ces mariages ne sera ni fort nombreuse, ni fort utile.

  1. Tome, XXXVI, p. 285.
  2. Tome, XL, p. 254.