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Vie de M. Turgot

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former sa conduite, aussi bien que les motifs trintérèl qui y font manquer.

La vérité de ces principes de morale est donc à la fois et réelle et indépendante de toute opinion spéculative, et il existe des motifs d’assujettir ses actions à ces principes suffisants, dans presque toutes les circonstances, pour l’homme né dans un pays où la civilisation a fait des progrès, et où des lois injustes ne conduisent pas à l’immoralité et au crime.

Parmi les sentiments moiaux qui naissent nécessairement dans le cœur de l’homme, le respect pouila vérité est un des plus utiles et un de ceux que la nature inspire le plus fortement, mais qui s’altère le plus dans la société. M. Turgot regardait ce respect pour le vrai comme un des principaux devoirs de la morale ; mais, comme il n’exagérait rien, il convenait, avec les moralistes éclairés, que le mensonge cesse d’être coupable dès que la vérité feiait, soit aux autres, soit à nous-mêmes, non du mal, mais un véritable tort, c’est-à-dire un mal injuste. Il faut, de plus, que le silence ou le refus de répondre soit lui-même une léponse claire ou expt)se à une injustice réelle. Cependant il pensait que rarement celui qui dit une chose contraire à la vérité est absolument exempt de blâme. S’il ne doit pas celte vérité, son tort n’est plus de l’avoir altérée, mais de s’être placé plus ou moins volontairement dans l’obligation d’y manquer. C’est ainsi qu’un houuiie qui a promis de faire une injustice, est coupable en ne tenant point sa parole, non de l’avoir violée, mais de favoii’donnée. C’est ainsi encore qu’un