quels ce commerce est exposé, sur le plus ou moins de confiance qu’on doit avoir au négociant qui emprunte. Pour concilier la loi civile avec la nécessité, on a imaginé de laisser dormir la loi, en se réservant de la réveiller au gré du préjugé, de la rumeur politique, et du caprice de chaque juge. Mais il en résulte que les préteurs, toujours exposés à la perte de leurs créances, au déshonneur attaché à des actions que la loi proscrit, et même à des condamnations infamantes, s’en dédommagent en ne consentant à prêter qu’à un très-haul intérêt.
D’ailleurs, un seul procès intenté par un débiteur de mauvaise foi, suffit, par l'effroi qu’il inspire, pour suspendre le commerce d’une ville, d’une province entière. C’est ce qui venait d’arriver à Angoulême en 1770. Des banqueroutiers avaient imaginé, pour éviter de justes condamnations, d’accuser d’usure leurs créanciers. Une foule de débiteurs peu délicats avaient suivi cet exemple, et menaçaient leurs créanciers de les dénoncer, s’ils ne se hâtaient de leur remettre les intérêts stipulés, et quelquefois même une partie du capital. La rigueur des poursuites, la faveur que ces dénonciations obtenaient dans les tribunaux, avaient porté le désordre à son comble. Le commerce d’Angoulême allait être détruit ; l’alarme avait gagné plusieurs places commerçantes, et le gouvernement crut devoir consulter l’intendant de la province.
L’avis qu’il envoya est un ouvrage complet sur les prêts à intérêt. La liberté des conditions dans les prêts est une conséquence naturelle de la propriété