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RÉFLEXIONS
SUR
LA JURISPRUDENCE CRIMINELLE.

Il faut que l’homme soit longtemps le jouet de l’erreur, avant de parvenir à ce point fixe où repose la vérité. S’aperçoit-il qu’il en est éloigné, les efforts qu’il fait pour y revenir l’emportent au delà, et l’on pourrait comparer sa marche à celle d’un pendule, qui n’arrive enfin au point de repos qu’après un grand nombre d’oscillations dans les deux sens contraires.

Longtemps les anciens ont été regardés comme des hommes d’une espèce supérieure : on croyait ne pouvoir trouver que chez eux la vérité et la beauté. Ensuite on a passé de cette sorte de culte à un mépris exagéré.

Les arts mécaniques, la pratique des sciences ont été longtemps méprisés comme des occupations indignes de tout homme qui savait penser. Les sciences spéculatives étaient seules en honneur. Ensuite on a jugé, avec raison, qu’il ne fallait honorer que ce qui