Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/188

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en connaissent le besoin et en sentent les avantages. Or, l’instruction qu’ils recevront leur rendra cette recherche plus facile ; elle les empêchera surtout de s’égarer dans leur route. Faute de cette instruction, ceux d’entre eux à qui la nature a donné le talent de l’invention, loin de pouvoir le regarder comme un bienfait, n’y trouvent souvent qu’une cause de ruine. Au lieu de voir leur fortune s’augmenter par le fruit de leurs découvertes, ils la consument dans de stériles recherches ; et en prenant de fausses routes, dont leur ignorance ne leur permet pas d’apercevoir les dangers, ils finissent par tomber dans la folie et dans la misère.

III. LA SOCIÉTÉ DOIT ENCORE L’INSTRUCTION PUBLIQUE COMME MOYEN DE PERFECTIONNER L’ESPÈCE HUMAINE.

1o En mettant tous les hommes nés avec du génie à portée de le développer.

C’est par la découverte successive des vérités de tous les ordres, que les nations civilisées ont échappé à la barbarie et à tous les maux qui suivent l’ignorance et les préjugés. C’est par la découverte des vérités nouvelles que l’espèce humaine continuera de se perfectionner. Comme il n’est aucune d’elles qui ne donne un moyen de s’élever à une autre ; comme chaque pas, en nous plaçant devant des obstacles plus difficiles à vaincre, nous communique en même temps une force nouvelle, il est impossible d’assigner aucun terme à ce perfectionnement.