Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/326

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de soumettre les preuves à des règles rigoureuses, mais parce que l’état actuel des lumières ne permet pas d’en établir de bonnes, et qu’ainsi le jugement des hommes sages et impartiaux doit être préféré à une règle incertaine qui, n’assurant pas la vérité, peut dès lors conduite à l’erreur. Il en est de même d’un concours ; rien ne peut répondre que les formes de ce concours assurent un bon choix, surtout lorsqu’il ne s’agit pas de décider du degré plus ou moins grand d’une seule qualité, mais d’un ensemble de qualités diverses et même indépendantes. Si le concours se fait en particulier devant des juges éclairés, alors il ne peut devenir qu’un moyen de jeter de l’incertitude sur ce jugement, et de lui ôter la confiance par une opposition nécessaire, entre le choix fait par les juges et ce que rapporteront du concours ceux des candidats qui n’ont pas été préférés. Si, au contraire, ce concours est public, il n’en est pas comme d’un jugement sur un fait où tous les spectateurs ayant des lumières suffisantes pour être juges, sont des censeurs utiles de la conduite de leurs égaux. Ici, au contraire, les spectateurs incapables de juger favoriseraient celui qui parlerait avec plus de facilité ou de hardiesse, et ne s’apercevraient pas des erreurs grossières où il pourrait tomber, s’il les niait ou les disculpait avec une adroite impudence. Leurs jugements seraient presque toujours contraires à celui des hommes éclairés, et les meilleurs maîtres seraient exposés à perdre d’avance la confiance publique. L’adoption de ce moyen conduirait insensiblement à corrompre les études, à subs-