Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/339

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en deviennent en quelque sorte le développement et la preuve.

Combien, d’ailleurs, ne serait-il pas à craindre que des hommes simples ne prissent, même à leur insu, des habitudes vicieuses, parce que le peu d’importance de leurs actions monotones, et presque toujours irréfléchies, ne leur permettrait pas de sentir en quoi elles s’écartent des principes qu’ils ont reçus ? Ne serait-il pas plus dangereux encore qu’ils ne s’égarassent, si, quelques circonstances les entraînant au-delà du cercle étroit de leurs habitudes, ils se trouvaient obligés de se créer en quelque sorte une règle pour ces actions extraordinaires ? Comment alors se défendraient-ils contre la séduction ? comment résisteraient-ils à ceux qui voudraient les conduire au crime au nom de Dieu ou de la patrie, les mener au brigandage au nom de la justice, à la tyrannie au nom de la liberté ou de l’égalité, à la barbarie au nom de l’humanité ?

Pour remédier au premier de ces dangers, rien ne serait plus utile que de faire contracter à ceux mêmes qui réfléchissent le moins, l’habitude de juger de leurs propres actions, de travailler à les régler sur les principes de la morale, de chercher à se perfectionner eux-mêmes ; et, pour cela, il faudrait donner en quelque sorte à cette habitude une marche technique.

Quoique les principes de la morale monastique n’aient été ni purs, ni justes, ni élevés, cependant la longue attention qu’un grand nombre d’hommes placés à la tête des monastères ont été obligés de