Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/341

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que je doive me reprocher, et quel reproche méritetelle ?

Parmi ces principes de morale pratique, n’en est-il aucun que j’aie violé ?

Pour remédier au second inconvénient, pour offrir aux hommes peu éclairés un guide qui n’eût jamais intérêt de les gouverner ou de les tromper, on pourrait aussi former des principes de la morale un tableau analytique, tel qu’un homme qui chercherait à juger les actions qu’il lirait, qu’il entendrait raconter, ou dont il serait témoin, qui voudrait connaître quelle doit être sa conduite dans une circonstance donnée, ou apprécier un conseil qu’il aurait reçu, y trouvât aisément la solution des difficultés que cette décision peut offrir. Ce tableau aurait de même un double objet : sous un point de vue, il renfermerait le système méthodique des règles de la morale ; sous un autre, celui des diverses classes d’accueil auxquelles ces principes se rapportent. Au moyen de ces tableaux, un homme pourrait, sans une grande habitude de réflexion, et avec l’instruction la plus commune, faire des progrès dans la morale pratique, suppléer aux lumières qui lui manquent, et en acquérir de nouvelles machinalement et presque sans travail. Ces tableaux différeraient entre eux en ce que l’un contiendrait surtout les principes essentiels de la morale ; l’autre, les règles de conduite qui en sont la conséquence ; l’un se rapporterait aux actions graves, importantes ; l’autre, aux habitudes, aux détails de la vie commune ; l’un montrerait le rapport des actions avec la règle du droit ;