Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/449

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


SUR LA NÉCESSITÉ
DE
L’INSTRUCTION PUBLIQUE.


Au commencement du quinzième siècle, l’Europe entière, plongée dans l’ignorance, gémissait sous le joug de l’aristocratie nobiliaire et de la tyrannie sacerdotale : et depuis cette époque, les progrès vers la liberté ont, dans chaque nation, suivi ceux des lumières avec cette constance qui annonce, entre deux faits, une liaison nécessaire, fondée sur les lois éternelles de la nature.

Ainsi, par une suite de ces mêmes lois, on ne pourrait ramener l’ignorance, sans rappeler la servitude avec elle.

Un peuple éclairé confie ses intérêts à des hommes instruits, mais un peuple ignorant devient nécessairement la dupe des fourbes qui, soit qu’ils le flattent, soit qu’ils l’oppriment, le rendent l’instrument de leurs projets et la victime de leurs intérêts personnels.

Quand bien même la liberté serait respectée en apparence et conservée dans le livre de la loi, la prospérité publique n’exige-t-elle pas que le peuple soit