Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/456

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jamais aucune influence sur les choses qui sont enseignées, et qu’une société savante ne soit distraite que le moins possible de son véritable objet, la propagation, le perfectionnement, les progrès des connaissances utiles aux hommes.

Si les citoyens peu riches ont besoin d’un maître d’école pour écrire leurs lettres, faire leurs comptes, juger de l’exactitude de leur imposition ; s’ils ont besoin d’un arpenteur pour connaître l’étendue de leur terre ; si, pour défendre une cause très-simple, il leur faut un homme de loi, dès lors, non-seulement toute cette classe nombreuse et respectable est éloignée des fonctions publiques, mais même le droit d’élire s’anéantit pour elle ; car, ces mêmes hommes à qui on est obligé de recourir sans cesse dans ses affaires personnelles, acquerront sur les volontés une autorité dangereuse. Si les citoyens, lorsqu’on cite un fait, lorsqu’on leur allègue une loi, un exemple, lorsque ce fait, cette loi, cet exemple sont ensuite contestés, ne savent pas comment ils pourraient les vérifier par eux-mêmes, ne les réduisez-vous point à n’avoir ni une opinion, ni une volonté propre ; et dès lors cet exercice de leurs droits est-il réel, est-il celui que vous devez leur assurer ?

Les représentants du peuple croiront-ils avoir rempli leurs devoirs envers lui, en lui laissant l’exercice le plus étendu de ses droits ? Ne pourrait-il pas leur dire : Qu’avez-vous donc fait pour moi ? Lorsque je vous ai choisis, ce n’était pas pour que vos décrets m’assurassent des droits que j’avais avant eux et avant vous ; mais c’était pour recevoir de vous