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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 8.djvu/115

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d’amérique sur l’europe.

fausse idée qui leur fait prendre, pour l’effet d’une sagesse consommée, le refroidissement de ce courage et de cette grandeur d’âme qui honorent le genre humain, qui, toujours utiles à la république, sont quelquefois son unique appui, et qui ont coutume d’être l’apanage des jeunes gens. Si l’on voulait absolument prescrire des lois restrictives à l’âge, pour ce qui regarde les emplois publics, il serait moins mal d’exclure ceux dans lesquels la faiblesse inévitable du corps influe presque toujours sur l’âme.

A l’égard des années de domicile qu’on exige pour pouvoir être élu à certains emplois, je crois inutile de répéter ce que j’ai dit ailleurs, pour démontrer que de telles précautions doivent en grande partie leur naissance à des préjugés sucés avec le lait, qu’elles sont inutiles, injustes, et annoncent une petitesse d’esprit honteuse.

Le privilège d’absoudre les criminels condamnés pour certains délits, privilège qui se trouve accordé au président, dans le paragraphe second de l’art. II, ne peut manquer d’ouvrir une porte à l’abus du crédit et à l’intrigue. De même que le congrès ne devrait jamais juger de procès, le droit de faire grâce ne devrait pas être accordé à son président ; il pourrait l’être tout au plus au congrès lui-même, et pour le seul cas de trahison faite à la confédération, ou pour les délits militaires. Au reste, le mieux serait de ne pas l’accorder du tout. Beccaria prouve clairement que cette espèce d’humanité si mal entendue, n’est autre chose qu’un asile ouvert à l’impunité, et conséquemment une source de délits.