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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 8.djvu/131

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introduction.

citoyen ne s'empresserait de porter quelques pierres à un édifice élevé par un prince protecteur des droits de l'humanité, au milieu des bénédictions de tout son peuple ? On me reprochera peut-être trop de précipitation ; mais le terme après lequel une constitution, aujourd'hui provisoire, doit être rendue définitive, ne permet pas de longs délais. Si, pour s'établir d'une manière solide, le bien a besoin du temps ; s'il ne peut qu'après une lutte pénible et sans relâche triompher des obstacles sans cesse renaissants que l'ignorance et l'intérét lui opposent, il ne faut au contraire qu'un instant pour rendre indestructibles des abus qui ne manquent jamais de trouver, dans ces mêmes préjugés, dans ces mêmes intérêts, des alliés puissants et fidèles.

On pourra dire que c'est aux assemblées elles-mêmes qu'il appartient de présenter au prince leurs observations et leurs vues. Il suffira de répondre que tout homme a le droit de discuter publiquement des intérêts communs à tous les hommes ; qu'il ne s'agit pas de savoir si les assemblées sont bien constituées pour elles-mêmes, mais seulement si elles sont bien constituées pour la nation ; que tout corps consulté sur sa propre constitution tend, par une pente naturelle, à désirer, même de très-bonne foi, ce qui augmente son autorité et l'importance de ses membres ; que créé au-