Aller au contenu

Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 8.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
121
introduction.

qu'elle arrêtera longtemps l'esprit sur des combinaisons arides, qui peuvent cependant paraître piquantes à quelques esprits, mais qui ne sont pour la plupart qu'ennuyasses et pénibles.

J'ai évité, avec soin, tout ce qui aurait supposé des connaissances préliminaires ; j'ai cherché à être clair. Peut-être croira-t-on que je me serais rendu plus intelligible en développant davantage mes idées : chaque partie en eût peut-être été plus facile à saisir ; mais une attention plus faible, s'il faut la continuer plus longtemps, si elle est obligée de s'étendre sur un plus grand nombre d'idées, s'il faut que la mémoire conserve une longue suite de raisonnements même très-simples, devient réellement plus fatigante qu'une attention plus forte en elle-même, mais qu'on n'est pas obligé de porter sur un champ aussi étendu et de soutenir aussi longtemps.

La véritable clarté est entre ces deux extrêmes, et j'ignore si j'ai su ne point m'écarter de ce milieu ; cette clarté de l'ensemble, qu'il ne faut pas confondre avec celle des détails, et qui en est absolument indépendante, est difficile à saisir. Il faut savoir se mettre à la place des esprits auxquels les idées qui nous sont les plus familières sont presque absolument étrangères.

J'oserai cependant me permettre une réflexion : quand on veut acquérir quelques connaissances sur